La création de la Délégation Ministérielle pour l’Armement et du corps de l’armement

Les Circonstances

Les Circonstances

Au moment de la création du corps de l’armement, le 1er janvier 1968, la Cinquième République allait avoir dix ans ; au cours de ces dix ans, l’appareil de défense français s’était profondément transformé. La première explosion nucléaire française avait eu lieu à Reggane en 1960.

La « Force de frappe » était devenue un programme majeur et sa composante aéroportée était opérationnelle.  Une bombe « H » allait exploser en août 1968 sur un atoll du Pacifique. Le défi que posaient ses porteurs était tout aussi grand que celui que représentait la réalisation de l’arme elle-même. Au Mirage IV allaient en effet succéder des missiles tactiques puis stratégiques.

Spoutnik avait émis ses premiers « bip » en 1957, Youri Gagarine avait commencé à explorer le cosmos en 1961 et le président Kennedy avait lancé la course à la Lune en septembre 1962. L’Europe, et la France en particulier, avaient des ambitions militaires et spatiales.

Le nucléaire, le spatial, les engins, l’électronique et l’informatique naissante n’étaient ni « Terre » ni « Marine » ni « Air ». Afin d’assurer une cohérence d’ensemble, on avait créé, en 1961, la Délégation Ministérielle pour l’Armement-DMA (aujourd’hui Direction Générale de l’Armement-DGA).

La Délégation Ministérielle pour l’Armement

Profondément réorganisée en 1965, elle avait intégré les directions dites de milieu (aéronautique, constructions navales, armement terrestre et poudres) qui dépendaient auparavant de Délégués ministériels ou de Secrétaires d’État indépendants.

Elle était organisée sur un schéma dit « staff and line », moderne pour l’époque. Auprès des directions traditionnelles (Direction Technique de l’Armement Terrestre-DTAT, Direction Technique des Constructions Navales-DTCN, Direction Technique des Constructions Aéronautiques-DTCA et Direction des Poudres-DP), on avait créé des directions « politiques » chargées des Programmes et Affaires Industrielles-DPAI, des Affaires Internationales-DAI et des Personnels et Affaires Générales-DPAG. La Direction des Recherches et Études Techniques-DRET et la Direction Technique des Engins-DTE en préparaient l’avenir.

Le corps de l’armement

Le corps de l’armement

Le corps de l’armement fut créé en 1968 par fusion de cinq corps dits « traditionnels », les Poudres, le Génie Maritime, l’Armement Terrestre, les Télécommunications Militaires et l’Air, aux histoires très différentes. Le corps des Hydrographes lui fut intégré deux ans plus tard.

→ Photo d'un ingénieur tel que représenté à Versailles

Le corps des poudres faisait remonter son histoire à 1336, quand une charte avait été donnée aux fabricants de poudres par le roi Philippe VI. Ils travaillaient pour les trois armées et aussi pour l’arme nucléaire.

→ Photo de Paul Vieille, inventeur de la poudre sans fumée

Les ingénieurs du génie maritime (GM) étaient issus des maîtres-charpentiers de marine et la première « École du génie maritime » avait été installée à Paris en 1741. Ils réalisaient et entretenaient les navires de la Flotte et préparaient la propulsion nucléaire.

→ Photo d'un cuirassé (le Richelieu)

Les ingénieurs militaires des fabrications d’armement, dont le corps a été créé en 1935, avaient pour origine les ingénieurs chargés, par le Grand-Maître de l’Artillerie, dès le XVIème siècle , de la production des armes pour le Royaume de France. Ils réalisaient les principaux armements destinés à l’Armée de terre et notamment le char AMX 13. Plusieurs participaient à l’aventure nucléaire.

→ Photo d'AMX 13

Les ingénieurs militaires des télécommunications étaient les électroniciens de l’armement terrestre. Leur corps avait été créé en 1950. Ils développaient les matériels modernes de télécommunications et de détection radar de l’armée de terre.

→ Photo d'un poste de radio

Le corps des ingénieurs militaires de l’air-IMA datait de 1935. Ses ingénieurs dirigeaient les programmes qui étaient réalisés par l’industrie aéronautique. Ils en vérifiaient le bon déroulement dans les centres d’essais : le Centre d’Essais en Vol-CEV, le Centre d’Essais des Propulseurs-CEP et le Centre d’Essais Aéronautiques de Toulouse-CEAT pour les structures et les équipements. Certains d’entre eux étaient détachés à l’Office National d’Études et de Recherches Aérospatiales-ONERA. Les IMA participaient ainsi tout autant aux projets civils (Caravelle) que militaires (Avions de chasse Ouragan, Mystère II et Mystère 1V, avion de transport Nord 2500…) ainsi d’ailleurs qu’au programme spatial.

→ Photo de Noratlas

Les ingénieurs hydrographes réalisaient des cartes et documents qui étaient d'usage permanent sur les passerelles. Ils étaient les artisans du progrès des sciences du positionnement et de la description de l'océan.

→ Photos d'ingénieurs hydrographes

Cinquante ans plus tard

Cinquante ans plus tard

Les cinquante ans d’activité du corps des ingénieurs de l’armement au service des armées françaises ont montré que les principes qui avaient conduit à sa création étaient justes. Les nombreux exemples de matériels montrés dans cette exposition en témoignent. La DMA, aujourd’hui DGA, a été profondément remaniée plusieurs fois, transformant ses établissements industriels en sociétés nationales ou d’économie mixte : le corps de l’armement s’y est parfaitement adapté. Les nombreux programmes récents évoqués dans cette exposition en sont le meilleur témoignage.

→ Photo du Falcon 7X, du Rafale et du NEURON effectuant un vol en formation