ATM, premiers enseignements opérationnels

Le 7 décembre 2018, après avoir terminé ses essais, validé son stage de mise en condition opérationnelle et réalisé 24 qualifications à l’appontage de jeunes pilotes, le porte-avions termine sa séquence de remontée en puissance et dispose de nouvelles capacités militaires qui lui permettront de relever les défis des 20 prochaines années. Après plus de 18 mois de travaux, le CDG 2.0 est désormais opérationnel et un porte-avions nucléaire est de nouveau à la mer.

Une séquence d’essais optimisée :

Ce sont environ 170 essais qui ont été réalisés, de la chaufferie, en passant par les lignes propulsives, les catapultes, les presses de frein, les centrales inertielles, le réseau vent, le système de direction de combat, le radar de navigation et le radar de veille air, le système de communication interne et externe, les systèmes d’aide à l‘appontage et bien d’autres encore.

Dans les hangars et ateliers de la 5ème base de l’aéronautique navale, la ruche du GSTA s’est affairée pour relancer les bancs d’essais, réintégrer les lots de rechanges et stocker les 89 000 matériels essentiels embarqués pour la remontée en puissance. Un seul but à atteindre, partagé par tous : le « vert AVIA », validation de toutes les installations de la plate-forme nécessaires pour pouvoir faire mettre en œuvre l’aviation dans les conditions de sécurité requises. Au-delà de la simple validation de bon fonctionnement, il s’agissait aussi pour l’équipage de s’approprier techniquement les nouveaux équipements et surtout d’évaluer leurs performances d’un œil critique pour s’assurer de leur bonne configuration.

Un gain opérationnel important :

Au-delà du traitement des obsolescences (transfert de technologies des années 1980 à celles du 21ème siècle), le gain capacitaire est important, en particulier dans le domaine aéronautique (transformation des ateliers et des capacités de maintenance au parc unique Rafale) et dans celui des réseaux informatiques et systèmes de communication.

La capacité de production des heures de vol dans le domaine de la maintenance aéronautique a été optimisée et améliorée, afin de garantir une efficacité encore plus grande en opération. Notamment, une aire de maintenance supplémentaire pour les moteurs M88 du Rafale M a été créée, des bancs de maintenance mis en place et des locaux réaménagés pour améliorer les flux logistiques. Dans le domaine informatique, le porte-avions est désormais doté de capacités de cyber-défense modernes en adéquation avec les menaces actuelles. Au-delà de l’architecture des réseaux informatiques qui a été totalement repensée (avec pour conséquence l’installation de dizaines de baies informatiques réparties au sein du bâtiment et la mise en place d’environ 400 km de câbles et fibres optiques), le porte-avions est désormais doté de capacités de communication interne et externe améliorées qui lui permettent de mener, à l’échelle d’un théâtre régional, des opérations aéromaritimes et aéroterrestres. En particulier, les capacités de traitement du renseignement au profit de l’état-major embarqué ont été repensées, alimentées notamment par les équipements remarquables du Rafale M dans sa version F3/4+ actuelle et, surtout, dans sa future version F3R (courant 2019) associée au pod de désignation Talios.

L’intégration de multiples et nouvelles capacités de liaisons de données tactiques (L11 et L16) dans le système de combat, notamment dans le domaine satellitaire, a permis de traiter des données opérationnelles en plus grand nombre et à une échelle augmentée. Pour couronner les gains capacitaires dans ce domaine, le porte-avions s’est vu doter d’une table tactique et tactiles de très grand format, équipée de nombreux applicatifs et permettant de présenter la situation d’un théâtre d’opérations de façon ergonomique au profit de l’échelon décisionnel.

Enfin, la capacité de détection air et surface a été sensiblement améliorée et fiabilisée grâce à la mise en place de nouveaux senseurs infrarouges et radar. Désormais doté d’une boule optronique d’identification surface et de capteurs anti-missiles modernes, la silhouette du CDG 2.0 est facilement reconnaissable par l’antenne de son nouveau radar tridimensionnel de type SMART-S, radar fiable et moderne remplaçant le vieux DRBJ-11B.

©MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU

Face au défi de la reprise d’activité d’un porte-avions dont les principaux organes vitaux ont été rénovés (combustible nucléaire, circuits de chaufferie, système de combat, moyens de communication, aides à l’appontage), il était nécessaire de répondre à la question : comment  procède-t-on pour relancer une machine technique et humaine aussi complexe après une telle rénovation et une interruption si longue ? Pour y répondre et atteindre les objectifs ambitieux de recouvrer le niveau atteint par le porte-avions et le GAé au cours des opérations Arromanches, trois facteurs ont été décisifs : une préparation soignée bien en amont de la première sortie à la mer, une reprise de l’activité progressive et par étapes et, enfin, un dialogue permanent entre tous les organismes et acteurs de la conduite et de la mise en œuvre.

Appareillage du 3 février 2019 - ©Fabien Eustache/Marine Nationale/Défense

Capitaine de vaisseau Marc-Antoine de Saint-Germain, commandant du Charles de Gaulle depuis le 28 juillet 2017